Un accord pour réduire de moitié les émissions polluantes du transport maritime
Le transport maritime était le dernier secteur économique sans objectif climatique. C’est maintenant chose faite : les 173 pays membres de l’Organisation maritime internationale (OMI) se sont engagés à diminuer de 50 % les émissions de gaz à effet de serre.
Chaque année, 400 000 décès prématurés dans le monde sont imputables aux émissions toxiques liées au transport maritime. Bien que représentant « seulement » 3 % des émissions globales tout en étant responsable du transport de 90 % des marchandises, le secteur devrait voir cette part grimper à 17 % d’ici 2050 si rien n’est fait.
Pour éviter ce scénario, les États membres de l’OMI se sont rassemblés début avril afin d’établir des objectifs en matière de lutte contre le dérèglement climatique. Grand absent de l’Accord de Paris sur le climat, le transport maritime était le seul secteur économique à ne pas s’être doté d’ambition de réduction des émissions polluantes.
Le doute aura néanmoins plané jusqu’à la fin des négociations. Si la délégation du Parlement européen a directement appelé à une « réduction des émissions de 70 % à 100 % d’ici 2050 », les autres pays ne partageaient pas tous le même enthousiasme.
L’Arabie Saoudite et les États-Unis ont ainsi tenté de « bloquer » les négociations avant de finalement n’exprimer que des « réserves ». Ils furent rejoints dans leur démarche par le Libéria, le Panama, Malte et les Bahamas, tous opposés à l’adoption d’un objectif chiffré de réduction des émissions.
Leur position est d’autant plus importante que ces derniers pèsent de façon disproportionnée dans les débats. En effet, avec les îles Marshall, ces quatre pays enregistrent plus de la moitié des navires commerciaux du monde sous leur pavillon et représentent 43 % du financement de l’OMI.
Notons toutefois que les îles Marshall ont joué un rôle majeur dans les discussions en appelant à une décarbonisation du transport maritime d’ici 2050. Bien que l’économie de cet État insulaire dépende très largement de ce secteur, il est également l’un des pays les plus menacés par le dérèglement climatique.
Heureusement, la mesure finalement adoptée se révèle à la hauteur des ambitions. En effet, comme l’explique l’ONG Transport & Environnement, « une réduction de 50 % des émissions de gaz à effet de serre signifie que la plupart des nouveaux navires construits dans les années 2030 devront être zéro émission ». Un objectif réalisable, comme le confirme un récent rapport de l’OCDE affirmant la possibilité technique de décarboner le secteur d’ici 2035.