L'Âge des Transitions

Mars 2015
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Quel nom se donne notre époque ? S’agit-il encore d’une époque « postmoderne » ? La thèse défendue dans ce livre est que le terme de « transition » peut nommer le nouvel imaginaire du changement dont nous faisons l’expérience.

Pour le montrer, le livre analyse ce qui traverse des expériences diverses dans les domaines énergétique, politique ou démographique, dans lesquels s’inventent des modèles de transition (qui signifie étymologiquement "aller au-delà"). Une méthode des transitions est proposée, qui philosophiquement passe par trois contraintes : ouvrir les boîtes noires, c’est-à-dire s’intéresser aux moyens et pas seulement aux finalités (dans la lignée de Gilbert Simondon) ; affirmer et déployer le progrès subtil, afin que le progrès utile ne jouisse plus du monopole exagéré que lui confère le technocapitalisme ; montrer l’importance du respect et de la reconnaissance dans l’évolution des mentalités.

Animé par la conviction que l’énergie est le grand refoulé de l’histoire de la philosophie occidentale, qui privilégie la matière et la forme, la partie de l’ouvrage consacrée à la transition énergétique interroge notre rapport au pétrole et aux énergies fossiles. L’analyse est centrée sur le lien entre les énergies humaines (notamment l’enthousiasme) et les énergies non-humaines, et renouvelle certains arguments en faveur des énergies renouvelables.

La transition démocratique est ensuite analysée, notamment sur base des travaux méconnus des « transitologues » américains des années 60 et 70, qui servirent de base de réflexion à Mandela notamment. La transition démocratique n’est seulement un impératif extra-européen. Elle concerne également nos imparfaites démocraties. En centrant la recherche sur les rapports entre pouvoir et violence (dans le droit fil d’Hannah Arendt), il s’agit ici de montrer quels types d’horizon ouvre le concept de transition, en le démarquant de l’imaginaire des révolutions, dont l’impératif de « table rase du passé » et les stratégies de terreur constituèrent, au vingtième siècle, l’idéal dominant du changement. Mais les temps ont changé et la révolution est devenue insoutenable. Philosophiquement, qu’implique ce changement de notre rapport au changement ?

Quant à la transition démographique, souvent à l’origine des peurs du grand nombre, il est montré tout à la fois son intérêt et ses limites. En déconstruisant le concept, l’analyse en revient, pour permettre la coexistence, à affirmer que les véritables leviers d’action se situent au niveau de la puissance (transition énergétique) et du pouvoir (transition démocratique), et non au niveau du concept de « population », déconstruit par les démographes eux-mêmes.

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