L’ONU se convertit à l’agroécologie

Vendredi, 6 Avril 2018

Après des décennies à vanter les mérites de l’agriculture intensive, l’ONU vient d’entreprendre un revirement historique. L’organisation vient en effet de dresser le bilan environnemental, négatif, de ce modèle agricole pour lui privilégier l’agroécologie.

Durant l’ouverture du deuxième symposium international sur l’agroécologie, qui s’est tenu à Rome entre le 3 et le 5 avril 2018, le directeur-général de l'Agence des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) José Graziano da Silva a déclaré : « Nous avons besoin de promouvoir des systèmes alimentaires durables [...] et de préserver l'environnement: l'agroécologie peut aider à y parvenir. »

Cette déclaration représente un tournant important pour l’organisation, auparavant fervente partisane de l’agriculture intensive. Ce modèle s’est développé au lendemain de la Seconde guerre mondiale et repose sur l’utilisation massive d’engrais et de produits chimiques (pesticides, herbicides…) pour augmenter les rendements afin d’assurer la sécurité alimentaire de l’humanité.

Or, ce système de production a fortement dégradé l’environnement, entraînant une baisse drastique de la biodiversité, la pollution des rivières et réserves d’eau, l’appauvrissement des sols, etc. Sans éradiquer la faim dans le monde, elle a conduit les agriculteurs à s’endetter très lourdement en nécessitant une mécanisation toujours plus poussée, et très coûteuse.

Reposant sur une vision diamétralement opposée de l’agriculture, l’agroécologie limite au maximum le recours aux engrais synthétiques et évite la mécanisation à outrance. Elle sonne également le glas de la monoculture en s’appuyant sur les interactions entre les espèces végétales, mais aussi animales, pour tirer au maximum parti des caractéristiques de chacune afin de créer un système performant et respectueux de l’environnement.

Souvent vue comme un « retour en arrière », cette approche repose au contraire sur les connaissances scientifiques les plus pointues et sur l’expérimentation de chaque agriculteur pour adapter au mieux les techniques à ses propres champs. Plusieurs universités proposent ainsi des masters en agroécologie à leurs étudiants.

De son côté, le ministre français de l’agriculture a annoncé vouloir multiplier par 10 le nombre d’exploitations françaises engagées dans l’agroécologie afin d’atteindre les 10% d’ici la fin du quinquennat, en vue de réaliser la transition du modèle agricole vers plus de durabilité.

POUR LA SOLIDARITÉ soutient ce modèle agricole, garant de l’environnement et de la biodiversité, et encourage vivement son développement. Il est ainsi engagé dans le projet Training for Sustainable Food System Development – T4F qui s’emploie à développer des formations en alimentation durable destinées à tout.e intéressé.e.