L'Europe défend une des dernières forêts primaires

Vendredi, 23 Février 2018

La Pologne abrite l’une des dernières forêts primaires d’Europe. Or, elle connaît une exploitation intensive, contraire aux règles européennes, qui menace son intégrité. La Cour de justice européenne, après avoir ordonné la cessation immédiate des activités en juillet, menace Varsovie de sanctions.

En juillet 2017, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) fut saisie par la Commission au motif que l’exploitation forestière dans la forêt de Białowieża était contraire aux règles européennes. En effet, la zone est classée au patrimoine mondial de l’Unesco et protégée par l’initiative Natura 2000 encadrant strictement les activités forestières et la coupe des arbres. La Cour a alors ordonné la cessation immédiate de toutes les activités.

Cette forêt est l’une des plus anciennes d’Europe et abrite de nombreuses espèces, notamment le plus important troupeau de bisons européens. Elle joue donc un rôle primordial dans la biodiversité européenne. Or, il est reproché au gouvernement polonais de mener une exploitation forestière à grande échelle qui menace la faune et la flore de cette zone. De plus, des évaluations des répercussions environnementales de l’activité, pourtant obligatoires, n’auraient pas été réalisées afin de poursuivre légalement l’abattage d’arbres parfois centenaires.

Les autorités polonaises s’en défendent en invoquant la nécessité de lutter contre une invasion d’insectes xylophages. Selon le ministre de l’Environnement Jan Szyszko, un million d’arbres devraient ainsi être abattus pour contenir la menace et sauver la forêt.

Néanmoins, l’explication a été rejetée par l’avocat général de la CJUE, Yves Bot, dans un jugement préliminaire. Selon lui, bien qu’un équilibre soit nécessaire entre gestion active et passive de la forêt, l’argument avancé par Varsovie n’apparaît pas comme justifié. De plus, en dépit de l’obligation de cessation immédiate des coupes ordonnées en juillet, les autorités auraient poursuivi l’abattage. Le jugement, ouvrant la voie à des sanctions à l’égard de la Pologne, fut salué par l’ONG ClientEarth bien que le verdict final soit attendu pour cette année.