Les politiques liées au changement climatique et la durabilité sociale : debrief de la conférence ETUI
Retour sur l’événement organisé par l’Institut syndical européen (ETUI) le 10 septembre 2019 sur la place des droits des travailleur.se.s dans le cadre de la mise en œuvre des politiques de lutte contre le changement climatique.
Pour la Solidarité-PLS s’est rendu à l’International Auditorium de Bruxelles le temps d’un après-midi pour suivre les discussions relatives à la durabilité sociale au sein de la transition écologique. L’événement s’est déroulé en deux phases, avec une présentation suivie d’une table-ronde.
Trois membres de la Direction générale emploi, affaires sociales et inclusion, Katarina Jaksic, Endre Gyorgy et Frank Siebern-Thomas, ont d'abord exposé les principaux chapitres du rapport annuel de la Commission européenne sur l’Évolution de l’emploi et de la situation sociale en Europe. D’après l’exécutif européen, l’inaction en faveur du climat entraînerait d’importants coûts sociaux-économiques avec un impact sur le PIB plus prononcé pour les pays du Sud de l’Europe. La hausse de la mortalité, les inondations côtières et la non-productivité au travail, tous dus au dérèglement climatique, seraient les principaux facteurs de la chute du PIB. Selon les représentant.e.s de la Commission européenne, une transition juste nécessite de mettre en œuvre des mesures pour stimuler les investissements pour la formation des travailleur.se.s, traiter la précarité énergétique, ou encore promouvoir une répartition équitable des charges liées à la transition. Leur présentation s’est terminée sur une note positive, rappelant que la transition vers une économie sobre en carbone pourrait être à l’origine de la création de deux millions d’emplois en Europe d’ici 2050.
Dans un second temps, des représentant.e.s de la société civile ont mené des discussions autour du rapport de la Commission européenne. Ludovic Voet, secrétaire confédéral d’ETUI, a ouvert le débat en indiquant que la crise climatique concerne les syndicats dans la mesure où le concept de justice sociale risque d’être mis en danger d’autant plus qu’en temps normal. Des actions concrètes doivent être menées à ce titre, comme la formation des travailleur.se.s aux métiers d’avenir, ou le renforcement de la protection sociale. Selon lui, les politiques doivent nécessairement être justes pour obtenir l’assentiment des citoyen.ne.s dans le changement et l’adaptation de l’économie au contexte climatique. Erica Hope, de la Fondation européenne pour le climat, a notamment insisté sur les opportunités en matière d’emploi qui découleront du changement de politiques européennes. Pour cela, des mesures justes doivent être mises en œuvre, incluant l’ensemble de la société et répartissant les impacts liés à la transition entre les différents acteurs de façon égale. Enfin, Xavier Timbeau, Directeur de l’Observatoire français des conjonctures économiques, a commenté les cinq piliers qui soutiennent le "Green New Deal". D’après lui, des investissements dans de nouvelles compétences, dans la recherche et dans la constructions doivent être faits. Également, le concept de "sobriété" doit remplacer le mode actuel de consommation tourné vers la "prospérité". Il rejoint ses interlocuteur.ice.s sur le point de garantir de nouveaux droits sociaux, fondés sur la solidarité, afin d’échapper à des situations d’injustice sociale.
Il convient de retenir de cette conférence que la lutte contre le changement climatique peut être une source de croissance et d’emploi si des mesures adéquates en matière de justice sociale sont prises.