Ainsi, les député·e·s ont déterminé leur position en première lecture pour un projet visant à encourager le secteur des transports à utiliser des méga-camions. En effet, plusieurs pays, dont la Belgique, autorisent déjà ces camions à circuler sur leur territoire national. Toutefois, en ce qui concerne les questions transfrontalières, un accord était nécessaire entre les pays concernés pour permettre à ces méga-camions de traverser les frontières. Avec ce projet de texte, ces derniers pourraient simplement et automatiquement traverser un pays dès lors que celui-ci les y autorise.

Cette simplification du régime des méga-camions s'inscrit dans une volonté européenne de rendre le transport de marchandises de l’UE plus écologique. En effet, outre l’augmentation des volumes de marchandises, ces méga-camions présenteraient des avantages écologiques :

• Le nombre de trajets serait réduit car les camions pourraient transporter plus de marchandises en une seule fois.
• Le déploiement de mesures incitatives pour les camions verts serait facilité par l'augmentation des dimensions autorisées des camions sur les routes. Cela permettrait d'augmenter la longueur des camions à émissions nulles de quatre tonnes afin de compenser l'espace et le poids requis pour installer des piles à batterie ou à hydrogène.
• Cette augmentation des dimensions pour les camions verts leur permettrait d’augmenter le transport de marchandises et donc, à terme, leur attractivité. De cette manière, cela pourrait constituer un incitant pour le secteur des transports.

Cependant, certain·e·s doutent quant à la pertinence écologique de cette décision. En effet, selon une étude, la résolution entraînerait 10,5 millions de trajets supplémentaires sur les routes européennes chaque année, soit 6,6 millions de tonnes de CO2 émises en plus.

Ces chiffres sont calculés sur la base des craintes d’un potentiel effet rebond. Bien que des camions de plus grandes dimensions aient effectivement pour effet de réduire la quantité de ressources utilisées pour le transport de marchandises, leur efficacité supérieure pourrait entraîner une augmentation de leur utilisation par le secteur du transport au détriment du fret ferroviaire, ce qui finirait par augmenter les émissions de CO2 du secteur.

Cette problématique nous rappelle que les enjeux liés à la transition juste doivent être considérés de façon holistique. En effet, si l’UE ambitionne de respecter son pacte vert, il est nécessaire qu’elle prenne en compte les externalités négatives de ses décisions, même si elles semblent « vertes » !

Enfin, la prochaine étape législative de ce texte se déroulera sous l’égide du prochain Parlement en juin prochain. Alors, si vous êtes sensibles aux enjeux de la transition écologique, faites entendre votre voix lors des prochaines élections européennes !