La crise de l’eau concernera la moitié de l’humanité
La semaine dernière, le World Resources Institute (WRI) a publié un Atlas des risques liés à l'eau, et les conclusions sont alarmantes. Au moins 50% de la population mondiale vit dans des conditions de stress hydrique extrême pendant au moins un mois de l’année.
Les risques liés à l’eau
Selon ce rapport, 25 pays représentant un quart de la population – 2 milliards de personnes – sont confrontés chaque année à un stress hydrique extrêmement élevé, c’est-à-dire utilisent au moins 80% de leurs réserves d’eau annuelles disponibles. Sans une meilleure gouvernance ou une meilleure infrastructure hydraulique, la situation s’aggravera. Un milliard de personnes supplémentaires pourraient être exposées à ce risque en 2050, même si on parvient à limiter le réchauffement planétaire à 2,4°C en 2100, « ce qui est un scénario optimiste ».
L’actualité vient illustrer les risques mis en lumière par ce rapport. En Uruguay, la moitié de la population est obligée de boire de l’eau salée en raison de la sécheresse qui sévit dans le pays. En effet, faute de réserves suffisantes, le gouvernement a mélangé un peu d’eau douce avec de l’eau de l’estuaire le Rio de La Plata, salée car située à proximité de l’océan Atlantique. Des actions pour un meilleur partage de l’eau émergent partout dans le monde. En France, le « convoi de l’eau » a été lancé le 18 août par plusieurs organisations pour alerter sur les menaces pesant sur l’eau, notamment celle des projets de méga-bassines.
Qui sont les pays les plus exposés ?
Les pays les plus exposés aux crises de l’eau sont le Bahreïn, le Koweït, le Liban, Oman, le Qatar et Chypre. Ce dernier est un des seuls pays européens à être dans ce classement, avec la Grèce et la Belgique, qui est en 18ème position. Samantha Kuzma, responsable des données d’Aqueduct, précise au journal Libération que « la demande industrielle, qui représente près de 90 % de tous les besoins en eau en Belgique, en est la principale cause ».
Quelles sont les conséquences ?
Les conséquences de ces pénuries d’eau sont multiples. La sécurité alimentaire mondiale est menacée, alerte le World Resources Institute, selon qui « déjà, 60% de l'agriculture irriguée dans le monde est confrontée à un stress hydrique extrêmement élevé, en particulier la canne à sucre, le blé, le riz et le maïs ». Et le monde comptera 10 milliards de personnes d’ici 2050, soit nécessitera de produire beaucoup plus de calories alimentaires tout en étant contraint par le stress hydrique et les catastrophes climatiques.
En plus de la production agricole, le secteur de l’énergie est également en danger, à cause du manque d’eau pour refroidir les centrales. Au total, 31% du PIB mondial, soit 70 000 milliards de dollars sera exposé à un stress hydrique élevé d’ici 2050.
Des solutions ?
Résoudre les problèmes mondiaux liés à l’eau demanderait d’investir 1% du PIB, soit « 29 centimes par personne et par jour de 2015 à 2030 », selon le WRI. C’est donc un manque de volonté politique et de soutien financier que les auteur·rice·s dénoncent. Iels proposent des solutions parmi lesquelles la réutilisation des eaux usées, une agriculture plus économe en eau, des sources d’énergies plus résilientes et moins liées à l’approvisionnement en eau comme les énergies solaire et éolienne ou encore un allégement de la dette en échange d’un engagement à investir dans la biodiversité ou des infrastructures résilientes.
En savoir plus:
La moitié de l'humanité confrontée à une crise de l'eau sans précédent (Novethic, 21/08/2023)
Un quart de la population mondiale menacée de pénurie d'eau, la Belgique... (Le Soir, 17/08/2023))
Photo de Brian Yurasits sur Unsplash