France : mise en pratique des propositions issues de la Convention citoyenne pour le climat

Vendredi, 31 Juillet 2020

Lancée en octobre 2019 par le président Macron, en réponse au mouvement des Gilets jaunes, la Convention citoyenne pour le climat a remis ses travaux en juin dernier. Un Conseil de défense écologique s'est tenu le 27 juillet 2020, avec pour ambition de passer de la formulation théorique à l'application concrète. Éléments d'explication.

Rappelons tout d'abord que l'objectif de cette Convention était d'élaborer un programme visant à réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030, dans un esprit de justice sociale. Le 21 juin 2020, les 150 citoyen.ne.s, tou.te.s tiré.e.s au sort, ont remis à la ministre de la Transition écologique et solidaire un rapport de 600 pages développant 149 propositions. Le 29 juin 2020, le président de la République française a annoncé qu'il en retenait 146. Un mois plus tard, une première vague de mesures a été annoncée.

Un timing soutenu, donc !

Le chef de l'État français démontre ainsi qu'il respecte ses engagements et qu'il s'empare de la question environnementale qui, selon toute vraisemblance, devrait être au cœur des débats de l'élection présidentielle de 2022. De fait, en attendant une Loi prévue pour le début de l'année 2021, le gouvernement va introduire par décret, dans les semaines à venir, quelques dispositions visant principalement à favoriser la rénovation thermique des logements.

Prise de conscience sincère ou opportunisme électoraliste ?

Pour beaucoup, cette démarche intervient fort tardivement dans un quinquennat qui, jusqu'alors, n'a guère été placé sous le signe de l'écologie. Et, surtout, les mesures envisagées semblent bien insuffisantes au vu des enjeux. Ainsi, Julien Bayou, secrétaire national du parti Europe Écologie-Les verts, considère que ce Conseil de défense écologique est « un gadget [qui sert] à faire un peu de tralala » et que Jean Castex, le Premier ministre Français, « amuse la galerie et se fait du greenwashing à bon compte ». L'eurodéputé Yannick Jadot enfonce le clou et déplore « la mise en scène d'un président qui décide seul ».

Opposition de principe ou critique fondée ?

Il est vrai que plusieurs propositions ambitieuses ont été rejetées.

Certes, les bâtiments et commerces chauffés ou climatisés seront désormais priés de fermer leurs portes - et c'est une excellente nouvelle ! Mais, sur les autoroutes françaises, la vitesse restera limitée à 130 km/h, alors que la Convention préconisait une réduction à 110 km/h, prenant appui sur une étude de l'ADEME selon laquelle une telle mesure entraînerait une baisse des émissions d'oxyde d'azote et de PM10 pouvant aller jusqu'à 20%. Même constat pour la taxe de 4% sur les dividendes, jugée « trop risquée », ou pour l'inscription de la préservation de l'environnement en préambule de la Constitution. Et quant à la reconnaissance du crime d'écocide pour celles et ceux qui mettent en péril la planète, là encore Emmanuel Macron temporise et propose de porter ce projet au plan international dans le cadre du Pacte mondial de l'environnement.

Chacun.e décidera si le verre est à moitié plein ou à moitié vide. Tout le monde s'accorde cependant sur le fait que, s'agissant d'un sujet aussi essentiel, il est plus que temps de se donner les moyens de ses ambitions et de passer aux actes.