Les écoquartiers, leviers vers la ville durable

La littérature s’accorde à décrire l’éco-quartier comme un « laboratoire » de ville durable. En effet, les politiques urbaines actuelles sont désormais guidées par un objectif : celui du développement durable. C’est-à-dire la prise en compte des enjeux écologiques, économiques et sociaux dans le développement et la gestion de l’espace urbain.

L’objectif de l’écoquartier consiste à atteindre un haut niveau de performance en matière de biodiversité, d’énergie, d’éco-mobilité ou encore de diversité sociale. Pour cela, il faut parvenir à transformer le métabolisme des agglomérations.L’éco-quartier se veut en adéquation avec les objectifs de développement durable. Le but est de concilier autant que possible les différents enjeux environnementaux dans le but de réduire l’impact du bâti sur la nature :

  • réduction des consommations énergétiques : les éco-quartiers recourent tous aux énergies renouvelables (solaire, le plus souvent).
  • réduction des consommations d’eau : les eaux pluviales sont récupérées et utilisées pour arroser les espaces verts, nettoyer la voie publique ou alimenter l’eau des WC.
  • Gestion des déchets et des rejets notamment par la limitation de la production de déchets : le tri sélectif est de rigueur, mais les déchets verts peuvent également être facilement compostés grâce à des emplacements prévus à cet effet – le compost pouvant ensuite être utilisé pour les jardins et espaces verts.
  • les matériaux de construction utilisés et les chantiers peuvent faire l’objet d’une attention particulière (meilleure gestion des déchets de chantier, réutilisation d’éléments dans le cadre d’une réhabilitation…)
  • implantation de l’éco-quartier dans une optique de valorisation des espaces (réhabilitation de friches industrielles, portuaires ou militaires)

L’éco-quartier met en exergue l’idée de coopération entre des individus, au sein d’une communauté. En toile de fond de ces initiatives, l’idée est également de développer une culture participative. Les exemples sont nombreux : il peut s’agir de covoiturage, de Groupes d’Achats Communs (GAC) ou encore de Systèmes d’Echange Il s’agit de mutualiser les ressources de manière autonome en dehors du marché et de l’Etat. Prenons l’exemple des GAC : il s’agit d’une alternative à la grande distribution qui consiste à créer un partenariat de proximité entre producteurs et consommateurs pour produire et consommer autrement. Le GAC rassemble plusieurs ménages, à intervalle régulier, qui optent pour des produits de qualité auprès de producteurs et transformateurs locaux. Quant aux SEL, ils désignent un système d’échange de produits ou de services en dehors du système monétaire classique, c’est-à-dire sans avoir recours à la monnaie gouvernementale (ou supra-nationale dans le cas de l’euro).

Les bienfaits sociaux des éco-quartiers

Au-delà des bienfaits écologiques, l’éco-quartier donne la possibilité à ses habitants de créer du lien en associant leurs forces. L’éco-quartier est souvent le fruit d’initiatives locales et privées, qu’il s’agisse d’habitants ou d’associations. Par ailleurs, il est primordial que les habitants s’investissent dès la conception du projet de construction ou de rénovation du quartier. Un éco-quartier ne peut fonctionner correctement que si les habitants participent à sa vie : en prenant part à la conception de leur futur lieu de vie, les habitants se sentent plus responsables et sont donc plus enclins à respecter les principes de fonctionnement tels que le tri sélectif ou encore le nombre de véhicules automobiles en leur possession. Ces deux indicateurs sont en effet souvent révélateurs du succès d’un éco-quartier. La participation des habitants peut s’effectuer par des moyens divers et souvent modernes : réseau intranet propre au quartier, forum internet, publication de revue de quartier, débats, séminaires, expositions…. Tous les moyens sont bons pour diffuser les comportements éco-citoyens à adopter. Ainsi, l’éco-quartier met l’accent sur la dimension humaine, la convivialité entre voisins, le plaisir de « faire en commun ». Des études ont montré que les enfants qui avaient la possibilité de jouer dans la rue développaient des compétences sociales et devenaient des êtres plus autonomes et plus créatifs. Par ailleurs, la mixité intergénérationnelle, culturelle et socio-économique est une condition et une priorité dans l’élaboration d’un quartier durable. Cela dit, cette condition n’est pas toujours facile à réaliser concrètement, elle est donc encouragée pas divers moyens : en variant la taille de l’appartement, en aménageant des appartements pour certaines catégories de personnes (personnes à mobilité réduite, personnes âgées) et en fixant une limite maximale aux revenus des locataires. Toutefois, il arrive souvent que les éco-quartiers génèrent des effets contre-performants notamment au niveau social en raison de la hausse du foncier qui peut remettre en cause un accès égalitaire à l’éco-quartier et donc par là-même le principe de mixité sociale qui devrait être un des fondements de ce type de quartier.

Eco-quartier et mobilité

L’éco-mobilité est également une dimension incontournable des éco-quartiers. Un des objectifs poursuivis est une meilleure gestion des déplacements ainsi qu’une limitation de la voiture et une incitation à l’utilisation de transports doux (transports en commun, vélo, marche à pied). En outre, toute une série d’initiatives originales a été prise notamment en milieu rural telles que la réhabilitation du cheval comme mode de transport en commun, les tram-trains, les tram-marchandises ou encore les bateaux-bus. En matière d’éco-mobilité, il existe deux possibilités qui consistent soit à transformer les moyens de mobilité afin qu’ils soient plus respectueux de l’environnement, soit à diminuer les besoins en mobilité. Pour diminuer les besoins en mobilité, il faut par exemple repenser les conditions pour la marche à pied. Communément, la distance de marche acceptable en Belgique est de 300 à 600 mètres (alors que dans d’autres pays comme la Roumanie, cette distance est beaucoup plus importante). En tentant compte de cette indication, il faut créer les conditions pour que les habitants ne dépendent plus de leur voiture, c’est-à-dire qu’ils puissent bénéficier de services suffisamment proches pour pouvoir s’y rendre à pied. Par exemple, on a calculé qu’il faut de 2.000 à 2.500 habitants pour créer une école et une superette. Une fois le quartier pensé en lui-même, il faut également relier les quartiers entre eux et au centre.

En conclusion, il ne faut pas perdre de vue qu’un quartier est une partie d’un ensemble. Rappelons donc qu’il est donc primordial de penser l’échelle locale dans un cadre global et donc d’évaluer le niveau de performance globale d’un éco-quartier. En effet, il faut garder à l’esprit que le but d’un éco-quartier n’est pas de vivre en autarcie, il doit constituer un levier pour les éco-territoires.

Pays: 

France