Transition énergétique ou l'Europe schizophrène - Newsletter Transition 02/2016
« Si vous ne prenez pas en compte le climat, vous êtes en rupture de votre devoir fiduciaire. Vous ne pourrez pas arguer du fait que vous n'aviez pas connaissance du risque climatique. Vous êtes donc passible de poursuites pour avoir mis l'épargne de vos mandants dans des activités risquées »¹.
Voilà en substance comment Pascal Canfin, directeur de WWF France, traduisait la nouvelle stratégie du gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, à l’égard du changement climatique. Loin d’être atypique, ce type de discours se retrouve aujourd’hui dans la bouche de plus en plus d’acteurs de la finance. Il reflète, selon Pascal Canfin, un changement culturel en train de s’opérer...
Cette prise de conscience chez les acteurs économiques traditionnels constitue une opportunité en or pour qui espère, après les accords de Paris, trouver des sources de financement afin de soutenir la transition énergétique. Question centrale de la conférence « COP21 : What’s Next? » qui se tenait le mardi 16 février dernier au Parlement européen, la mise en œuvre de la transition énergétique en Europe se fait pourtant attendre.
L’économie « traditionnelle » a, certes, avancé des solutions : green bonds, taxe carbone, système d’échange de quotas d’émission entre entreprises (SEQE-UE). L’Europe se trouve être un terrain d’expérimentations inégalé en la matière.
Mais la préférence avérée de l’UE pour une régulation par le marché entrave l’émergence d’un réel contrôle politique sur l’économie dans la mesure où ce contrôle risquerait, selon la Commission, de porter atteinte au commerce international.
Alors que l’institutionnalisation des transferts budgétaires pour assurer la transition se fait longue et sinueuse, les modèles économiques alternatifs, à l’avant-garde de la transition, se trouvent tiraillés entre des politiques de soutien comme lors de l’adoption du paquet économie circulaire par la Commission et la concurrence avec un capitalisme productiviste dérégulé.
Les trois dimensions de la transition ̶ écologique, économique et sociale ̶ doivent pourtant, davantage que coexister, s’enrichir l’une l’autre ! En écho à Michel Bauwens, penseur de l’économie de partage, POUR LA SOLIDARITÉ appelle les pouvoirs publics à prendre leurs responsabilités en rassemblant citoyens et entreprises éthiques autour d’un même objectif : celui d’une Europe non plus extractive mais générative et inclusive !
Solidairement vôtres,
Estelle Huchet et Denis Stokkink
¹ Interview de Pascal Canfin par Antonin Amado pour Novethic