L’ombre des lobbyistes des énergies fossiles assombrit les négociations climatiques de la COP 28.

Mercredi, 6 Décembre 2023

Mardi 5 décembre, la coalition d’ONG Kick Big Polluters Out, révèle que la COP 28 enregistre un record de participation : près de 2.500 de lobbyistes des énergies fossiles ont obtenu une accréditation. Ce nombre représente une augmentation spectaculaire : il est quatre fois supérieur cette année que lors des précédentes conférences de l’ONU dédiées au climat…

La COP 28, qui se déroule actuellement à Dubaï a accueilli un nombre record de participant·e·s, dépassant les 88.000 personnes, sans compter les 20.000 personnes lié·e·s à l’organisation. Pour la première fois, les participant·e·s devaient divulguer des informations sur leur employeur·e et toute relation financière avec l’entité demandant une accréditation en leur nom. 

La coalition Kick Big Polluters Out, composée de 450 ONG telles que Global Witness, Greenpeace, ActionAid…, souligne que les lobbyistes surpassent en nombre les délégations des dix pays les plus vulnérables aux changements climatique (tels que le la Somalie, les Îles Salomon ou encore le Soudan) ainsi que les représentant·e·s des populations indigènes. Pour faire simple, ils constituent la troisième plus grande délégation à la COP 28. Et si le président de la Conférence, Sultan al-Jaber, souligne que tous les points de vue doivent être les bienvenus à la COP, il n’est pas difficile de soutenir que cette présence massive des lobbyistes compliquera les négociations, déjà difficiles, pour promouvoir une planète plus saine et durable. 

Qui sont ces lobbyistes ? La France a accrédité le PDG de Total Energies, l’Italie a fait venir des employé·e·s d’Eni tandis que l’Union européenne a inclus des représentant·e·s de BP, Eni et ExxonMobil… En outre, des organisations professionnelles, ayant le statut d'observateur·rice·s ont également contribué à cette présence en accréditant des employé·e·s de Shell, Total Energies et Equinor… La coalition d’ONG rappelle que le record pourrait être sous-estimé ! En effet, l’analyse ne prend pas en compte les lobbyistes d’autres secteurs polluants et se base uniquement sur celles·eux déclarant leur “connexion avec les énergies fossiles”. 

En parallèle, les négociations entre les 198 délégations se poursuivent, et la deuxième version du texte, qui servira de base de discussion, a été rendue publique. Est notable le fait que des propositions visant à réduire ou à abandonner le charbon, le pétrole et le gaz figurent dans le texte, cela marquant une première dans l’histoire des COP !

Malgré les avertissements pressants du GIEC sur la nécessité urgente de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°, la présence massive des lobbyistes à la COP inquiète en ce que leurs voix pourraient entraver les efforts visant à adopter des mesures décisives pour lutter contre le changement climatique.