Fusion de Bayer et Monsanto : la Commission donne son feu vert

Mercredi, 28 Mars 2018

C’est officiel, la Commission européenne vient de donner sa bénédiction à la fusion des deux géants que sont les groupes Bayer et Monsanto. Une mesure qui soulève de vives et nombreuses critiques parmi les associations environnementales.

Cela fait plusieurs mois que la Commission enquêtait sur un possible rachat de Monsanto, géant américain des pesticides, des semences et des OGM, par l’entreprise allemande Bayer, spécialisée dans les médicaments mais également active dans les produits phytosanitaires pour l’agriculture et les semences.

Le verdict est tombé le 22 mars : l’avis de la Commission est positif. Elle a en effet conclu que l’opération ne contrevenait pas aux règles européennes sur la concurrence en raison des mesures correctives proposées par le groupe acheteur. Selon Le Monde, ce dernier accepte d’abandonner « la quasi-totalité de son département de semences, y compris son organisation de recherche et développement, certains de ses pesticides, ainsi qu’une licence sur une copie de son offre actuelle et de ses produits en cours de développement en matière d’agriculture numérique ».

Ce n’est pourtant pas l’avis de tous. De nombreuses associations dénoncent le monopole de ce futur groupe sur le secteur agroalimentaire et son emprise croissante sur le modèle agricole. De plus, elles déplorent l’attitude de la Commission dans son refus de prendre en compte les considérations liées à l’environnement et à la santé publique.

Ce dernier point revêt toute son importance quand on sait que Monsanto est actuellement l’objet de milliers de plaintes, principalement en raison des effets du glyphosate sur la santé, agent actif de son produit phare, le désherbant Roundup. La journaliste d’investigation Marie-Monique Robin ajoute que « des documents internes montrent que la firme savait que le glyphosate était cancérigène, qu’elle a manipulé les agences de réglementation, qu’elle a payé des scientifiques pour dire et écrire n’importe quoi… Des milliards de dollars pour indemniser les victimes sont en jeu ».

Or, selon la journaliste et plusieurs spécialistes, dont l’ancienne ministre Corinne Lepage, craignent que cette fusion permette au groupe américain d’échapper à la justice. Cependant, le mariage à 51 milliards d’euros n’est pas encore prononcé : deux autorités américaines doivent encore donner leur autorisation.