Efficacité énergétique: le Parlement fait marche arrière

Vendredi, 19 Janvier 2018

Après l’avoir défendu pendant de long mois, le Parlement européen a fini par abandonner son objectif de 40 % d’efficacité énergétique pour 2030, au profit d’un compromis à 35 %.

Les eurodéputés ont décidé de s’accorder sur une amélioration contraignante de 35 % de l’efficacité énergétique d’ici 2030, avant les négociations avec les États membres. Ils ont donc abandonné leur objectif de 40 %, au profit d’une position commune, qui a plus de chance d’être acceptée par le Conseil. 485 eurodéputés se sont exprimés pour la proposition du Parlement, avec seulement 132 votes contraires et 58 abstentions.

Martina Werner, eurodéputée socialiste allemande, s’est ainsi déclarée très déçue de l’abandon de l’objectif de 40 %, longtemps défendu par le Parlement. Elle souligne néanmoins que l’issue des discussions montre que l’institution envisage avec sérieux la transition énergétique.

L’issue du vote est restée incertaine jusqu’au bout. En effet, le S&D, dont le rapporteur était le tchèque Miroslav Poche et le PPE, guidé par Markus Piper, ont jusqu’ici été incapables de s’accorder sur les aspects essentiels du dossier. Miroslav Porche représentera le Parlement lors des négociations à venir, durant lesquelles il devra convaincre les États membres de hausser leur objectif, à présent fixé à 30 %.

Après le vote, le rapporteur du PPE s’est félicité que ses collègues aient accepté de renoncer aux 40 %, un objectif selon lui absolument impossible, et a estimé que le texte était « un bon début » pour les négociations en trilogue. Une opinion partagée par le responsable du dossier chez les Verts/ALE, Jávor Benedek.

Pourtant, certains groupes environnementaux ne comprennent pas la volonté du Parlement d’abandonner les 40 %, un chiffre toujours soutenu dans le passé par la commission ENVI et les résolutions parlementaires. « La position adoptée aujourd’hui n’est pas à la hauteur. Au moment crucial, les eurodéputés ont cédé et ont accepté un objectif décevant », estime Clémence Hutin, militante des Amis de la Terre Europe. Elle reproche au PPE d’avoir abaissé le niveau d’ambition et qualifie son rôle dans les négociations de « déplorable ».

Malgré les appels lancés par des groupes écologistes en amont et la chute récente des prix des énergies renouvelables, les législateurs ont maintenu un objectif non contraignant de 35 % de renouvelables dans leur bouquet énergétique. Les propositions concernant un objectif de 40 % ou un objectif contraignant de 35 % ont toutes deux été rejetées.