Mobilisations pour le climat : vers la fin d’un mouvement ou un nouvel élan ?

Mardi, 10 Septembre 2024

Le 28 août, dans l’émission « La Terre au carré » sur France Inter, l’écologiste et réalisateur Cyril Dion s'interrogeait sur l'utilité de continuer à alerter sur le changement climatique. Dans le même esprit, Nicolas Van Nuffel, ancien président de la Coalition Climat, se demandait dans une interview pour la RTBF si « le moment climat est passé ?» Ces réflexions soulèvent une question : face à l'inaction politique, à la lenteur des prises de conscience et aux crises— économiques, sanitaires, sociales la crise climatique est-elle oubliée ?

De l'engagement mondial à la désillusion croissante 

En 2018, Greta Thunberg lance le mouvement « Fridays for Future », une grève mondiale des jeunes pour protester contre l'inaction climatique et sensibiliser à l'urgence écologique. Ce mouvement, qui a rassemblé des millions de personnes à travers le monde a poussé les dirigeants à adopter des mesures comme le « plan vert » en Allemagne ou le Green Deal européen.

Cependant, même si les conséquences du réchauffement climatique sont de plus en visibles les manifestations pour le climat se sont faites plus rares, tandis que l'attention citoyenne s'est déplacée vers d'autres sujets. La crise climatique apparaît désormais souvent comme une fatalité contre laquelle on ne peut pas agir, voir comme un obstacle à certaines avancées. Les mesures proposées sont perçues par certains comme contraignantes, mal adaptées ou inapplicables, ce qui éloigne encore davantage l’urgence climatique des priorités publiques.

Une lutte freinée par l'inaction politique et la répression

Les politiques actuelles, souvent influencées par les lobbies et à contre-courant des engagements climatiques, renforcent un sentiment de fatalité et d'impuissance. Aujourd'hui, la crise climatique semble passer au second plan dans les politiques mises en place ce qui décourage la mobilisation et donne un sentiment d’échec. Pour exemple, les Accords de Paris ne sont toujours pas respectés, et le Green Deal européen peine à être mis en place. Comme un symbole de ce recule, en 2023  E. Macron et le Premier ministre belge A . De Croo appelaient à une « pause environnementale ».

Parallèlement, la répression contre les militant.es écologistes s'accentue, avec des arrestations comme celle de Paul Watson, ou l'usage du terme « éco-terroriste » par G. Darmanin. La violence et les condamnations contre les activistes montrent une volonté croissante de discréditer et de freiner les actions pour le climat.

De nouvelles formes de mobilisation écologique : entre désobéissance civile et changement quotidien, la lutte continue

Malgré la lenteur, des politiques environnementales et les contestations, l'inquiétude face à la crise climatique reste forte. Selon un sondage Ipsos en 2023, 43 % de la population mondiale se dit très préoccupée par le changement climatique. De plus, même si l’on ne voit plus de grande marche pour le climat les mobilisations sont toujours très présentes, elles se sont transformés et diversifiés que ce soit vers plus de désobéissance civile ou simplement des changements dans les habitudes quotidiennes. 

Il est crucial de continuer à alerter, sensibiliser et mobiliser pour pousser les dirigeants à adopter des politiques environnementales à la hauteur de la crise actuelle. Il est urgent de changer de paradigme et de ne pas laisser les exigences du capitalisme dicter les politiques publiques. Pour un avenir durable, il faut de profonde transformation ce qui passe par une réelle prise en compte des enjeux climatiques.