Le Rapport Draghi sur la compétitivité de l’UE : un virage libéral au détriment du Green Deal ?
Mario Draghi, ancien Premier ministre italien et ex-directeur de la Banque centrale européenne, a remis ce 9 septembre son rapport sur « l’avenir la compétitivité de l’Union européenne » à la présidente de la Commission européenne. Ce document, propose de rediriger les efforts européens vers la compétitivité et l'innovation. Ce virage soulève des questions quant à la place des enjeux climatiques dans les futures politiques européennes.
Des enjeux climatiques oubliés au profit d’une politique néolibérale
Le rapport Draghi met l'accent sur la compétitivité, la productivité, et la menace que représente la Chine pour l'Europe. Le rapport incite les États membres à investir massivement, sur des fonds publics, afin de stimuler l'innovation technologique et industrielle, tout en soulignant l'importance de décarbonner l'économie pour rester compétitif. Cependant, cette décarbonation est présentée comme un levier de croissance, et non comme un impératif écologique.
Bien que le rapport mentionne la décarbonation, il ne s'inscrit pas dans une véritable optique de durabilité écologique ou de justice sociale. Pire encore, certaines propositions pour relancer la compétitivité européenne sont déconnectées des réalités environnementales actuelles. Par exemple, le rapport propose d’entamer l'exploitation des ressources minières des fonds marins. Ce type de projet, dévastateur pour la biodiversité marine, illustre un glissement vers une approche purement économique au détriment des enjeux climatiques.
La fin du Green Deal européen ?
Lancé en 2019, le Green Deal européen visait à rendre l'économie de l'UE plus durable en atteignant la neutralité carbone d'ici 2050. Or, dans le rapport Draghi, plusieurs recommandations vont à l’encontre des principes fondamentaux du Green Deal. Il appelle notamment à la dérégulation et à la réduction des normes environnementales, telles que celles du règlement Reach sur les produits chimiques et les législations sur la biodiversité. Ces régulations, vues comme des « freins » à la compétitivité, risquent d’ouvrir la voie à l'utilisation de produits nocifs pour l’environnement et la santé humaine. Les grandes multinationales, en quête de productivité, pourraient ainsi s'affranchir des limites environnementales au détriment de la planète. Ce détricotage progressif du Green Deal mettrait fin à l'une des plus grandes avancées écologiques de l’UE, faisant passer la compétitivité avant la durabilité.
L’urgence d’une transition écologique juste
Le rapport de Mario Draghi sur l’avenir de la compétitivité de l’Union européenne semble éclipser les objectifs environnementaux pourtant essentiels à long terme. Si la relance économique est indispensable, elle ne doit pas se faire au détriment de la planète. En privilégiant la croissance à tout prix et en sacrifiant des normes environnementales, ce rapport représente un recul par rapport aux ambitions du Green Deal, laissant planer le doute sur l’avenir de la transition écologique en Europe
Il est essentiel de replacer l'écologie au cœur des plans d'avenir européens. La course à la productivité ne doit pas éclipser la nécessité d'un développement durable. Les conséquences du dérèglement climatique sont déjà visibles, et les ignorer équivaut à courir à notre propre perte. Prioriser la productivité au détriment de la planète, c'est condamner l’Europe à des crises écologiques et sociales bien plus graves que la simple question de la compétitivité face à la Chine ou aux États-Unis. Pour assurer un avenir à la fois prospère et durable, l’UE doit réaffirmer son engagement envers des politiques écologiques justes.
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