Le bassin méditerranéen en première ligne du dérèglement climatique

Mercredi, 16 Octobre 2019

Le réseau Méditerranéen d'Experts sur les changements climatiques et environnementaux, le Medecc, a présenté le 10 octobre 2019 à Barcelone un rapport indiquant que la région méditerranéenne se réchauffe 20 % plus rapidement que la moyenne mondiale.

Tandis que la température du globe a augmenté d’environ 1,1°C depuis l’époque préindustrielle, soit depuis 1899, celle du bassin méditerranéen a subi une hausse de 0,4°C supplémentaire. Les scientifiques du réseau Medecc prévoient que le thermomètre pourrait atteindre les +2,2°C d’ici 2040 et les +3,8°C avant la fin du siècle. Au-delà du changement de températures, les précipitations se font de plus en plus rares dans la zone, celles-ci ayant diminué de 10 à 15 % depuis quelques années. Également, le niveau de la mer grimpe plus rapidement que prévu, passant de 0,7 millimètres par an jusqu’à 2000 à 3 millimètres par an depuis 2006.

Les conséquences du dérèglement climatique accru sur la Méditerranée sont multiples. Du fait de la baisse globale des précipitations, de la hausse du mercure et de l’augmentation des épisodes d’inondation dans la région, l’approvisionnement en eau potable devient un obstacle. D’ici 2100, le Sud de l’Europe et le Nord de l’Afrique devraient subir une diminution de la disponibilité en eau douce de 2 à 15 %. Il s’agit de l’une des baisses la plus importante à l’échelle planétaire. Les experts précisent que « la population considérée comme pauvre en eau, avec moins de 1 000 mètres cubes par habitant et par an, devrait s’élever à 250 millions de personnes dans les 20 prochaines années, contre 180 millions en 2013 ».

Ce phénomène de pénurie devrait affecter en premier lieu le secteur agricole, l’irrigation représentant entre 50 et 90% de la demande totale en eau du bassin. Dès lors, il faut envisager une baisse du rendement de production agricole. À titre d’exemple, la production de légumes devrait chuter de 40 % en Égypte et celle de tubercules de 11 % en Europe. « La sécurité alimentaire est également menacée par les parasites et les mycotoxines qui se développent sur les plantes et dans les espaces de stockage », précisent les spécialistes. Nasser Kamel, secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée résume : « Nous sommes une des régions du monde les plus touchées par le changement climatique ».