La réforme de la PAC inadaptée au contexte environnemental

Mardi, 3 Septembre 2019

La future politique agricole proposée par la Commission européenne à l’horizon 2021 fait l’objet de sévères critiques de la part de chercheurs allemands.

Alors que le budget pour le cadre financier pluriannuel est en discussion à Bruxelles, les premières réactions relatives aux futures politiques européennes éclatent. Des scientifiques en provenance de divers centres de recherche allemands ont décidé de s’attaquer aux propositions de la Commission européenne sur la politique agricole commune (PAC) pour la période 2021-2027. Dans un article paru dans la revue américaine Science, ils s’interrogent quant à la future mise en œuvre de l’une des politiques européenne les plus importantes.

À la question de savoir si la réforme est compatible avec les objectifs de développement durable fixés par les Nations Unies, les chercheurs sont unanimes pour dire que le nouveau modèle est incompatible avec la protection de l’environnement. Guy Pe'er, scientifique du Centre allemand de recherche intégrative sur la biodiversité (iDiv) et co-auteur de la publication, précise à ce sujet que « prendre au sérieux la durabilité et les objectifs de développement durable nécessite une réflexion approfondie sur la politique agricole, ses budgets et ses instruments, ainsi que la mise au point de bons indicateurs pour mesurer le succès. Au-delà des mots, nous avons trouvé peu de cela. »

La réforme en prévision ne semble pas non plus améliorer la politique agricole actuellement en place. Les institutions européennes ont prévu de conserver certains instruments de la PAC que les experts allemands qualifient comme inefficaces, dangereux pour l’environnement et injustes socialement. L’une des mesures permet notamment à 1,8 % des bénéficiaires des fonds agricoles de capter 32 % des subventions de la PAC. Ce déséquilibre s’explique par un critère de surface cultivée pour l’octroi de subventions. Dès lors, plus les surfaces sont importantes, plus les agriculteurs touchent des montants importants. Autrement dit, outre une disparité injuste dans la répartition du budget alloué aux agriculteurs, par cette mesure, l’Europe promeut un modèle de production intensif et donc néfaste pour l’environnement et n’encourage pas le développement d’une agriculture durable. Guy Pe’er conclut en ajoutant que « de toute évidence, l'UE n'a pas la volonté de répondre à la demande du public en faveur d'une agriculture durable et de mettre en œuvre les objectifs mondiaux en matière d'environnement et de développement qu'elle a également contribué à adopter. Les intérêts des lobbyistes ont clairement dépassé les nombreuses preuves et les intérêts publics. »