"CO2 is in the air": déconstruire les mythes sur le transport aérien

Février 2019
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Le Réseau Action Climat - France, une association spécialisée sur le thème des changements climatiques, a publié une brochure pour déconstruire les cinq mythes qui entourent le secteur aérien et que ce dernier s’efforce de maintenir pour ne pas avoir à réduire ses émissions.

"Le transport aérien est un contributeur mineur de l'effet de serre", "Le secteur aérien fait déjà beaucoup pour le climat", "Grâce à l'efficacité énergétique, il sera possible de transporter plus de passagers en émettant moins de CO2", "Le progrès technique est au service du climat", "L'avion est la meilleure option pour voyager". Voilà les cinq mythes, largement diffusés par le secteur aérien et ancrés dans les esprits, que le Réseau Action-Climat s'efforce de déconstruire dans cette brochure, études scientifiques à l'appui.

Officiellement, le transport aérien contribue à hauteur de 2% uniquement aux émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2). Cependant, ce chiffre, qui se base sur les émissions de 2006, ne cesse de croître, en raison d'une croissance annuelle du trafic de passagers d'environ 5%. On attend un doublement du nombre de passagers aériens dans le monde d’ici à 2030. Le trafic aérien devrait donc fortement augmenter, entrainant avec lui des émissions de gaz à effet de serre toujours plus importantes. Les mesures d’efficacité énergétique ne suffiront pas pour limiter les émissions de gaz à effet de serre du secteur : l’amélioration de la performance énergétique s’établit à 1,1%, par an depuis 2010. De plus, une fois tous ses effets pris en compte (trainées de condensation, oxydes d’azote, etc.) le transport aérien serait responsable de 5% du réchauffement climatique. Au final, le transport aérien a le même impact sur le climat qu’un pays comme l’Allemagne et occuperait la place de 7ème pollueur au monde s'il était un pays. Son impact sur le climat n'est donc pas négligeable.

Le transport aérien international échappe à toute contrainte sur la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre, et son carburant, le kérosène, échappe à toute taxation.

Alors que la COP21 devait envoyer un signal fort, le secteur aérien ne figure pas dans l'Accord de Paris. Le transport aérien veut garder main mise sur ce sujet en négociant "en interne", par le biais de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI). L'Assemblée Générale de l'OACI, qui s'est tenu en 2016, a instauré un mécanisme mondial de compensation des émissions de l’aviation internationale, sur base volontaire, se refusant toujours à un objectif réel de réduction d’émissions. De plus, l’accord de l’OACI ne concerne que l’aviation internationale, alors que 40 % des émissions du secteur du transport aérien émanent des vols intérieurs.

L'avion est le mode de transport le plus polluant, par passager / kilomètre : sur un trajet national, il émet jusqu’à 40 fois plus que le train.

Dans sa brochure, le Réseau Action-Climat émet des recommandations de politiques et mesures à mettre en place au niveau international, européen, national et local pour limiter les impacts du transport aérien sur le climat. Parmi ces recommandations : la taxation du kérosène, la mise en place d'une norme contraignante sur les émissions de CO2 des avions, l'instauration d'une TVA sur les billets internationaux, la suppression des aides publiques aux aéroports et aux compagnies aériennes, le développement de réseaux ferroviaires performants et transfrontaliers, afin d'offrir une alternative viable au transport aérien.