Vêtements invendus : Emmaüs veut une loi interdisant leur destruction

Jeudi, 12 Avril 2018

Ces derniers mois, les enseignes H&M et Celio ont toutes deux été accusées de détruire sciemment leurs stocks de vêtements qui n’ont pas trouvé d’acheteur. Prenant pour exemple la récente loi contre le gaspillage alimentaire, Emmaüs appelle à interdire cette pratique.

Automne 2017, des journalistes suédois découvrent que la chaîne de vêtements H&M brûle une partie de ses invendus. Depuis 2013, 60 tonnes de vêtements auraient ainsi été brûlées, soit 12 tonnes par an. De son côté, Celio  est au cœur de la tourmente pour avoir lacéré ses invendus avant de les jeter à la poubelle.

Ces deux cas ont suscité de vives contestations de la part du public, notamment en raison de la vague de froid qui sévissait lorsque le scandale concernant Celio a éclaté. Pour Valérie Fayard, la directrice générale adjointe d’Emmaüs, « certaines enseignes pensent que donner leurs vêtements à des associations va dégrader leur image », raison qui les pousserait à privilégier la destruction au don.

Mais ces dernières s’en défendent. Il s’agirait, selon H&M, de vêtements présentant des taux élevés d’humidité (et donc de la moisissure) et de produits chimiques. Sur les réseaux sociaux, Celio affirme que cette opération ne concerne que « des articles totalement importables : trous, déchirures, grosses tâches indélébiles » et assure donner régulièrement aux associations.

Pour contrer ce gaspillage, Emmaüs propose d’instaurer l’obligation de donner les invendus aux associations, de la même façon que pour les produits alimentaires. Mais pour Stéphanie Goujon, directrice générale de l’Agence du don en nature (ADN), il faudrait développer les incitations au don plutôt que de stigmatiser les chaînes. Elle évoque également la crainte de ces dernières de voir fleurir un marché parallèle d’invendus.

En plus de son impact social, le gaspillage vestimentaire se révèle très néfaste pour l’environnement. En effet, la fabrication d’un seul jean nécessite 6 800 litres d’eau et un T-shirt 150 kilogrammes de pesticides.