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Quand l'extrême droite s'empare de l'écologie

Mercredi, 17 Avril 2019

La question du climat est désormais un enjeu de premier plan que les futur.e.s eurodéputé.e.s ne peuvent se permettre d'ignorer dans leur programme, y compris les candidat.e.s des partis d'extrême droite.

Si l'écologie a longtemps été considérée - à tort - comme appartenant idéologiquement aux partis de gauche voire à l'extrême gauche ; le contexte actuel fait qu’aujourd’hui plusieurs partis européens d’extrême droite proposent également un programme traitant des questions environnementales. 

Pour les militant.e.s d'extrême droite, l'écologie est avant tout identitaire, car elle correspond à la préservation du milieu de vie nécessaire à la survie des espèces vivantes. Il s'agit donc de préserver ce milieu de toute intrusion exogène, l'immigration étant un facteur de nuisance dans cet « écosystème » puisqu'elle serait vectrice de déséquilibres culturels et ethniques. La mouvance d'extrême droite s'inspire de concepts tels que l'ethnodifférentialisme qui consiste en la séparation des populations et des groupes ethniques et la mixophobie qui est la crainte du métissage.

L'écologie d'extrême droite rejette le modèle libéral. En effet, dès le 19e siècle, des mouvements en faveur de la protection de l'environnement émergent en réaction à l'industrialisation croissante des sociétés. Aujourd'hui, la théorie de la décroissance et même la « sobriété heureuse », concept porté par Pierre Rabhi trouvent un écho dans les rangs de l'ultra droite, les militant.e.s y voyant des similitudes avec leur idée de « ré-enracinement ». Toute idée progressiste est rejetée par la promotion des thèses eugénistes. L'extrême droite déplore l'affaiblissement des valeurs et des traditions, le discours écologique lui donne donc l'occasion de blâmer les théories du genre, l'homosexualité, l'avortement, et de promouvoir les thèses natalistes.

La défense de l'environnement est aussi celle du territoire qui implique la fermeture des frontières et la survalorisation des particularismes régionaux. Lorsque Marine Le Pen déclare « Priorité au local avant le global » elle fait référence à la rhétorique écologiste en usant du terme « localisme » pour réconcilier l'environnemental et l'économique et fait appel au « bon sens » citoyen.

Ne nous y trompons pas, la sauvegarde de la terre pour l'extrême droite, c'est avant tout la sauvegarde de la nation.

Dans le paysage européen, on trouve le Mouvement 5 étoiles qui place l'environnement comme l'un de ses cinq piliers et comprend de nombreux anciens représentants des Verts italiens. Le parti nationaliste et eurosceptique allemand, AfD s'est aussi prononcé sur l'enjeu climatique. Ainsi, si la plupart des mouvements et partis politiques d'extrême droite tiennent un discours sur l'écologie, cette approche relève moins d'une réelle et profonde préoccupation que de la possibilité de réinvestir leurs idées.

Il est nécessaire de réaliser que l'écologie n'est pas propre aux partis de gauche ou qu'elle est liée au progressisme. Lorsque l'on étudie de plus près la situation, on réalise d'ailleurs que la mouvance d'extrême droite place bien souvent la protection de l'environnement comme un pilier de sa doctrine et a notamment servi la doctrine nazie qui a fait adopter des textes de loi pour la protection des animaux et celle de l'environnement.

Pays: 

Union Européenne