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Montagne d'Or en Guyane : un désastre environnemental annoncé

Lundi, 18 Mars 2019

Le projet Montagne d'Or prévoit d'installer une mine aurifère au sud ouest de la Guyane qui fait partie de l'une des neuf régions ultrapériphériques (RUP) de l'Union européenne. Outre les ravages écologiques qui se profilent, ce projet menace aussi les populations amérindiennes, sans compter sur le manque de transparence de la compagnie minière.

2,5 kilomètres de long, 400 mètres de large, 8,35 millions d'hectares soit 15% de la surface de la France métropolitaine... Voici quelques chiffres illustrant le gigantisme du projet Montagne d'Or en Guyane française. Mené par l'entreprise canadienne Columbus Gold et celle russe Nordgold, le projet de mine aurifère a pour maître d'ouvrage la Compagnie minière Montagne d'Or (CMO). Prévue pour être construite entre 2019 et 2022, 85 tonnes d'or devraient être extraites pendant minimum 12 ans.

Une aberration écologique

2.000 espèces de la faune et la flore guyanaises dont 127 espèces protégées verront leur habitat mis en péril, 1.500 hectares de forêts seront détruits pour la construction de la mine. 10 tonnes d'explosifs par jour seront utilisés pour extraire le minerai. Les méthodes d'extraction par cyanure posent question lorsque l'on connaît les funestes effets sur l'environnement de ce traitement. 

Les oublié.e.s

Ce territoire est riche d'une société multiculturelle. Plusieurs communautés amérindiennes vivent dans la forêt et voient non seulement leur environnement utilisé comme terrain de chasse aurifère, mais leurs modes de vie sont également en danger. Ces communautés sont déjà lourdement touchées par la contamination au mercure des sols utilisé pour l'orpaillage, illégal et légal. La contamination par les métaux lourds et le cyanure menace l'ensemble de la population touchant aussi bien les eaux que le sol et ainsi le peu de culture vivrière sur le territoire.

Un mirage économique 

Dans un territoire où un quart de la population est au chômage et 50% des jeunes sont sans emploi, la promesse d'une opportunité mirobolante pour la Guyane est séduisante mais trompeuse. La CMO défend la création de 750 emplois directs et de milliers d'autres indirects mais ne précise aucunement les secteurs qui en profiteront ni la place des petites entreprises locales dans le projet. La CMO se gargarise du financement du projet par ses deux actionnaire Columbus Gold et Nordgold mais omet de mentionner que l'État français financera l'aménagement routier et la fourniture en énergie. 420 millions d'euros publics seront engloutis pour les emplois directs annoncés, alors que le territoire manque cruellement d'infrastructures publiques.

La mobilisation citoyenne

Face à l'aveuglement de la majorité des élus locaux guyanais qui soutient le projet et à l'inaction de l'État, un collectif s'est constitué et plusieurs pétitions ont réclamé l'annulation du projet. En novembre 2018, la Compagnie a annoncé avoir effectué des modifications dans le projet. Lundi 11 février dernier, le tribunal administratif de Guyane a annulé un arrêté préfectoral autorisant la Compagnie à ouvrir des travaux d'exploitation d'or liés au projet Montagne d'Or. En effet, le tribunal a jugé qu'un projet situé à proximité de la Montagne d'Or est « un seul et même projet ». Cette décision ne remet cependant pas en question le projet principal.

Le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale de l’ONU a sommé la France de prendre en compte les voix des populations amérindiennes. Par une lettre parue en décembre 2018, l'ONU remet en question les conditions du débat qui s'est tenu entre mars et juillet 2018 et qui devait permettre la consultation de la population guyanaise, y compris des communautés amérindiennes. Le Comité suggère de suspendre le projet tant que le consentement des populations locales n'aura pas été considéré.