Carbon Markets will not make our planet great again

Vendredi, 29 Mars 2019

"Carbon Markets will not make our planet great again”: C'est l'appel de 90 universitaires du monde entier aux dirigeant.e.s européen.ne.s pour l'abandon du marché du carbone, jugé inefficace et contraire aux objectifs de la lutte contre le réchauffement climatique. Ils en appellent à la mise en oeuvre d'alternatives plus efficaces et plus durables.

Le système européen d'échange de quotas de CO2, dit marché carbone, est le premier et le plus important au monde. Il est aujourd'hui défendu par les institutions européennes et les États-membres comme un outil efficace de lutte contre le réchauffement climatique et de réduction des émissions carbones. Pourtant, selon l'ONG Green Finance Observatory, ce marché est un échec.

Les cours des quotas de CO2 échangés sur ce marché restent très faibles, et n'ont donc aucun effet désincitatif. Longtemps inférieur à 10 euros par tonne, le prix du carbone atteint désormais 20 euros grâce à la réforme de 2017. Cependant, pour qu’il pousse réellement les industriels à changer leur stratégie, il faudrait se situer au-dessus de 40 euros. Ces prix trop bas sont liés principalement à un excès du nombre de crédits carbone mis sur le marché dès sa création. Ce marché est également sujet à de nombreuses fraudes. Le marché carbone n'est pas parvenu à réduire les émissions de CO2 du secteur industriel européen. Ce sont surtout les réglementations européennes ou nationales, en matière de charbon ou de taxe carbone et la délocalisation des productions industrielles vers la Chine et les pays du Sud qui ont réduit les émissions carbone européennes. 

Au final, le marché du carbone européen a fonctionné comme un système de subvention pour les émetteurs de carbone, certains secteurs se sont vus attribués des quotas gratuits qu'ils ont pu revendre, générant ainsi un profit.

Déjà lors de la réforme du marché carbone de 2017, les ONG environnementales avaient pointé du doigt son inefficacité et regretté l'aveuglement des dirigeant.e.s européen.ne.s face à ses failles.

D’après les travaux de l'ONG, des réglementations environnementales visant à sortir progressivement des énergies fossiles seront plus efficaces que n’importe quel mécanisme financier. Ils prennent pour exemple les législations qui ont amené à réduire le trou dans la couche d’ozone ou à éliminer le plomb de l’essence.  

Dans une note d'analyse publiée en septembre 2018, POUR LA SOLIDARITÉ-PLS s'était déjà intéressé aux mécanismes de compensation carbone et à leurs limites.