Accord politique européen pour interdire la pêche électrique

Jeudi, 14 Février 2019

Le mercredi 13 février, les négociateurs des trois institutions européennes (Parlement, Conseil et Commission) réunis en trilogue sont parvenus à un accord pour interdire la pêche électrique aux navires de pêche de l’Union européenne dans toutes les eaux qu’ils fréquentent, y compris en dehors de l’UE, au 30 juin 2021.

Il est également prévu la possibilité pour les Etats membres d'interdire ou restreindre immédiatement cette pratique dans ses eaux territoriales.

La pêche électrique a été interdite par la Commission européenne en 1998, au même titre que le poison et les explosifs. Mais elle est toutefois pratiquée en mer du Nord grâce à un régime de dérogations accordées depuis 2006 aux Néerlandais. L'accord interdit de dispenser de nouvelles dérogations et entérine l'interdiction définitive de la pratique à partir de 2021, le temps que les navires équipés en électricité se reconvertissent. Seule exception accordée pour la recherche scientifique avec un nombre limité de six bateaux et une validation nécessaire par l’organe scientifique de la Commission européenne (le Comité scientifique, technique et économique de la pêche).

Les navires néérlandais seront les plus touchés par cette interdiction, car jusqu'à 30% de la flotte néérlandaise serait équipée de chalut électrique selon l'association BLOOM, bien au-delà des 5% de la flotte jusqu'ici autorisée par l'UE.

La pêche électrique est une pratique très décriée. Elle consiste à décoller les poissons des fonds marins grâce à des champs électriques de faible intensité (15 volts en moyenne) générés par les chaluts. La pêche électrique est très agressive pour l'écosystème car elle retourne les fonds marins et avec eux toute la faune présente, sans distinction d'espèce ou de taille, y compris les œufs, les juvéniles et le plancton. Parmi les plus farouches opposants à la pêche électrique, se trouvent également les pêcheurs artisanaux, qui subissent la concurrence déloyale des navires industriels électriques et la surpêche dont ils sont responsables. Des pêcheurs belges, français et britanniques se plaignent de la disparition de la ressource en mer du Nord après le passage des navires néerlandais.

De nombreux pays ont déjà interdit cette pratique, notamment les États-Unis ou encore la Chine.

Cette décision politique est le résultat de deux ans mobilisation de plusieurs ONG, citoyen.ne.s et élu.e.s, au premier rang desquels l'association BLOOM, qui a salué l'interdiction. L'association a mené une campagne acharnée, en déposant deux plaintes officielles à la Commission européenne, une demande d’ouverture d’enquête européenne pour fraude, saisi la médiatrice européenne, et sollicité des centaines de rendez-vous avec les représentations permanentes des États membres et les parlementaires à Bruxelles pour obtenir cette interdiction totale de la pêche électrique. BLOOM avait également  révélé une série de dysfonctionnements graves liés au dossier de la pêche électrique ainsi que des pratiques frauduleuses et illégales, désormais avérées et mettant en cause les lobbies de la pêche industrielle aux Pays-Bas.

Seul bémol pour les opposants à la pêche électrique, qui réclamaient une interdiction au 31 juillet 2019 : la date de l'interdiction est repoussée à 2021.

Il y a un an, le Parlement européen avait pris position contre cette pratique de pêche controversée.

L’accord trouvé sur l’interdiction de la pêche électrique doit encore être entériné par le Parlement européen au cours d’un vote en session plénière, ce qui ne devrait pas poser problème.

Pays: 

Union Européenne