Le Portugal a dépassé les 100% d'énergies renouvelables

En mars 2018, le Portugal a produit plus d’énergie à partir de sources renouvelables que ce qu’il a consommé durant le mois. Un exploit encourageant pour l’Union européenne, mais qui met également en lumière les lacunes du réseau énergétique européen.

C’est une grande première au XXIe siècle : un pays a produit plus d’électricité verte que sa consommation mensuelle ! En effet, 4,812 GWh furent créés grâce à l'éolien et à l'hydraulique, tandis que 4,647 GWh furent consommés dans le même laps de temps. Autrement dit, le Portugal a produit de façon propre 103.6 % de sa consommation en énergie.

Ce fait remarquable fut repris par une série de députés européens voulant rehausser les objectifs de l’Union en matière d’énergies renouvelables. À l’heure actuelle, l’ambition est d’atteindre 27 % d'énergie verte à l’horizon 2030, mais certains vont jusqu’à requérir les 35 %, comme le luxembourgeois Claude Turmes qui qualifie l’objectif actuel de "ridicule". De son côté, la Commission a déclaré la barre des 30 % tout à fait atteignable.

Néanmoins, la prouesse du Portugal soulève un problème majeur : le pays est isolé du point de vue des liaisons énergétiques, et cela pourrait entacher ses efforts. En effet, un inconvénient des énergies renouvelables est leur dépendance à l’ensoleillement et au vent, rendant la production instable.

Le stockage et la connexion à un réseau énergétique plus large se révèlent dès lors indispensables. Or, la première technologie n’est pas encore suffisamment développée pour pouvoir amortir les variations, rendant la seconde indispensable.

Par exemple, le 11 mars, le Portugal a produit 143 % de sa consommation. Sans réseau ni stockage, le surplus est perdu. À l’inverse, durant certains autres jours, l’énergie produite proprement fut inférieure aux besoins, et le pays fut contraint de se tourner vers les énergies fossiles et l’importation.

Consciente de cet enjeu, l’Union s’est fixé l’objectif d’établir une interconnexion de 10 % d’ici 2020, permettant de faire transiter un dixième de l’énergie produite. Or, la péninsule ibérique accuse un certain retard, notamment à cause de son isolement géographique.