Malgré une directive sur la qualité de l’air adoptée en 2008 obligeant les États à diminuer leurs émissions polluantes, l’Europe est asphyxiée. En 2017, 70 villes allemandes ont vu leur taux de dioxyde d’azote dépasser le seuil maximal autorisé par l’Union européenne.

Pour lutter contre ce phénomène, responsable chaque année de 400.000 morts prématurées au sein de l’UE, une solution possible est l’interdiction des véhicules les plus polluants au sein des villes. La mesure, déjà adoptée ailleurs comme à Paris, à Bruxelles et au Danemark, devait néanmoins être examinée par la cour administrative fédérale allemande. C’est chose faite : le tribunal a remis sa décision rendant possible une telle interdiction.

Si l’idée est bien accueillie par les associations, elle ne plaît guère du côté des constructeurs automobiles et du gouvernement. Ces derniers dénoncent les impacts pour les propriétaires de véhicules fonctionnant au diesel, tant en raison de l’impossibilité d’usage qui frappera certains d’entre eux que de la baisse drastique de la valeur de leurs voitures. Le nombre de véhicules concernés par une telle mesure s’élève en effet à une dizaine de millions.

Si « les villes ne veulent pas d’interdiction de circulation », comme l’affirme Markus Lewe, président de la Fédération des communes allemandes (Städtetag), la décision permettrait néanmoins d’exercer une pression sur l’industrie automobile pour l’obliger à développer des véhicules plus propres.

Deux ans après l’affaire du "Dieselgate", la décision écorne un peu plus l’image du diesel, dont les ventes sont en baisse. Mais la menace sera-t-elle suffisante pour provoquer un réel changement dans les esprits des constructeurs qui, malgré les scandales, se portent au meilleur de leur forme ?