Qualité de l’air intérieur : une problématique sanitaire encore trop négligée

Alors que la qualité de l’air extérieur occupe le devant de la scène, la pollution de l’air intérieur attire beaucoup moins l’attention. Pourtant, la population européenne passe près de 80% de son temps à l’intérieur (travail, école, maison, transports,…) et les études montrent que les niveaux de polluants sont souvent bien plus importants à l’intérieur qu’à l’extérieur. Dès lors, la qualité du logement a une influence considérable sur la santé.

De nombreuses problématiques sanitaires sont liées à l’habitat, dues aux produits de confort (peinture au plomb, benzène lié au tabagisme, produits d’entretien), aux matériaux de construction ou meubles (colles formaldéhyde ou autres composants toxiques), aux ponts thermiques (humidité, condensation, moisissures dans l’habitat), aux installations de chauffage (monoxyde de carbone), ainsi qu’aux agents de contamination (pesticides, particules fines, etc.). L’exposition à ces polluants quotidiens peut causer des troubles de la santé allant de problèmes respiratoires, eczéma, asthme,… au développement de cancers, lors d’expositions intenses et prolongées. C’est généralement la combinaison de plusieurs éléments toxiques qui présente des risques réels pour la santé – combiné à un manque de ventilation –  et non un produit en particulier. La multiplicité des causes (« effet cocktail ») ne permet donc pas une éradication simple et linéaire de la source du problème.

Les premiers affectés par la pollution intérieure sont les personnes les plus vulnérables : les enfants, les personnes âgées, mais également les personnes les plus précarisées. En effet, les problèmes rencontrés se situent dans les deux tiers des cas dans des logements sociaux et chez des locataires, et dans trois quarts des cas dans des appartements.

La tendance actuelle à la sur-isolation des bâtiments peut avoir un impact négatif sur la qualité de l’air intérieur. Souvent négligée lors de la conception ou des travaux de rénovation, une ventilation inadaptée réduit le brassage de l’air de l’intérieur vers l’extérieur, causant moisissures, humidité et concentration de polluants. Pourtant, ce n’est pas parce qu’un bâtiment est parfaitement isolé et étanche qu’il ne doit pas être ventilé. Une ventilation performante assure une bonne qualité de l’air intérieur ainsi que l’évacuation de l’humidité sans perte de chaleur importante. De nouveaux systèmes innovants permettent, en effet, de récupérer la chaleur de l’air sortant et de préchauffer ainsi l’air entrant.

En matière de prévention également, la question est aujourd’hui de savoir si l’on doit s’orienter vers desvaleurs limites d’exposition dans les différents milieux pour pallier les risques sur la santé. La mise en œuvre d’une telle législation amène la réflexion à la problématique de la mondialisation, de l’arrivage massif de biens produits à l’autre bout du monde et des conditions de leur fabrication (exemple des canapés chinois). L’Europe a récemment parlé d’un livre blanc au niveau de la pollution intérieure mais avance encore peu en la matière.

Country: 

Belgium