Le Chênelet : social, solidaire, économique, écologique

Depuis 20 ans, le groupe Chênelet, installé près de Boulogne-sur-mer (62), est engagé dans l’insertion sociale et professionnelle. De la fabrication de palettes atypiques, une activité pour laquelle il est aujourd’hui en position de leader, il s’est orienté vers la construction d’habitats sociaux écologiques pour prévenir « la précarité énergétique », tout en préservant l’environnement.

100 % insertion, 100 % économique

« Nous ne travaillons pas sur les difficultés des personnes accompagnées mais sur leur capacité à aller vers l’emploi. Et des années d’expérience dans ce domaine nous ont appris qu’il n’y a pas de recette universelle », constate François Marty, président du Chênelet et PDG du groupe SPL (Scierie et palettes du littoral).
Le groupe comprend une Scop EI, leader en France de la palette hors standard pour la papeterie en flux tendu, un atelier d’insertion qui va du maraîchage bio à la fabrication de briques et au débardage à cheval, Chênelet SCI qui gère des logements sociaux et Chênelet développement pour chapeauter l’ensemble. « Au fil des années, nous avons vraiment mis en place une stratégie de groupe, avec tous les liens “capitalistiques” envisageables entre nos structures. Mais nous restons une entreprise d’économie sociale et solidaire ».
On peut s’étonner de ce développement « capitalistique » du Chênelet si on revient à ses origines : une communauté catholique du Boulonnais qui s’occupait de jeunes en difficulté et de réfugiés « que nous voulions remettre au travail », raconte François Marty. Ils cherchent « un métier volumineux, fatigant… avec des machines ». La production de palettes répondait parfaitement à ces exigences. La scierie est montée en 1992, un service de transport en 1996. Si le groupe traverse de graves difficultés en 2005, SPL est aujourd’hui la plus grosse entreprise de la filière bois du Nord – Pas-de-Calais et a su attirer des ingénieurs et des cadres « de haute volée, mais avec des salaires solidaires ».
« Nous sommes 100 % insertion et 100 % économique ; en-dessous, c’est ne pas avoir d’ambition », s’amuse François Marty.

De la terre aux murs

La scierie ne pouvant accueillir tout le monde, l’atelier d’insertion Chênelet est mis en place pour ne laisser personne de côté. « Les jardins d’insertion constituent une bonne porte d’entrée pour redémarrer une activité professionnelle ». Les personnes accueillies peuvent ensuite passer à la fabrication des briques, puis à la scierie et, pourquoi pas, à l’éco-construction. C’est en effet la dernière extension des activités du Chênelet, à la jonction des différentes activités du groupe, car l’éco-construction est appliquée aux logements sociaux. « Les personnes que nous accueillons sont les mêmes qui bénéficieront de ces logements. Et comme l’insertion, le logement « durable » est un vrai enjeu de société », assure François Marty qui poursuit : « le logement social tel que conçu aujourd’hui est une vraie catastrophe à très court terme puisqu’il engendre une grande précarité énergétique ».
Les matériaux utilisés proviennent du territoire (argile des carrières du Boulonnais, bois provenant des coupes d’éclaircie des forêts du Pas-de-Calais, sous-produits inévitables de l’industrie locale). Le projet trouve aujourd’hui son extension dans Chênelet construction, un réseau fondé autour du logement social sur le modèle du réseau Cocagne. 14 opérations d’éco-construction sociale, soit une centaine de maisons, ont été entreprises, dans le Centre, l’Île-de-France, le Nord – Pas-de-Calais. « Nous revendiquons un vrai positionnement entre l’écologie, le logement social et l’entrepreneuriat ».

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France